..Toi qui entres ici, abandonne tout espoir de trouver un contenu sérieux. Ici, on dérise, on batifole, on plaisante, on ricane.

dimanche 7 juillet 2013

Dur, dur, d’être papa !



Le titre de ce billet plagie honteusement l’inoubliable succès de Jordy. «  Dur, dur, d’être bébé » constatait le jeune chanteur. Je ne sais s’il a raison. Mes souvenirs de cette lointaine période de ma vie, si j’en ai jamais eu, se sont totalement estompés. Reste qu’être père n’est pas de la tarte et que ça dure bien plus longtemps. Mon « bébé » se dirige d’un pas assuré vers la trentaine et elle envisage de changer d’emploi. Cette recherche a des conséquences.

Ainsi mes conseils éclairés sont-ils sollicités lorsque lettre de motivation il y a. Je deviens correcteur orthographique et éventuellement « reformulateur ».  En début de semaine dernière une nouvelle mission me fut assignée. Envisageant de s’installer au Luxembourg, ma fille avait besoin d’un Curriculum Vitae rédigé en anglais. Rebutée par la difficulté de la tâche, elle eut l’idée généreuse de solliciter mon aide pour la mener à bien. J’acquiesçai.

Je ne me doutais pas d’à quel point l’épreuve serait rude. Une première  version du document à traduire me parvint au format PDF.  Je la lus et là commença mon angoisse.  Le document me parut très long, trop détaillé et surtout jargonnant. De plus, tout bon ou médiocre traducteur vous le confirmera, pour un bon résultat, on traduit toujours de la langue originale vers la sienne et non le contraire. Quand,  pour tout arranger, on comprend mal l’original, ça se corse bougrement.  Me sentant d’emblée incapable de mener à bien ce pensum, je saisis mon plus beau téléphone et fis part de mes doutes à l’intéressée. Je lui suggérai de faire plus court, moins détaillé, moins jargonnant. En vain : il était, selon elle, indispensable que tout soit gardé. Je lui dis qu’alors ça risquait de prendre du temps, beaucoup  de temps et réclamai une version « Word » afin de pouvoir  écrire ma traduction sous l’original.

Je me résignai et me mis au travail le soir même. Deux heures de labeur plus tard, je n’avais pas beaucoup avancé tant les vocabulaires de la grande distribution et de la finance m’étaient inconnus. Je trouvai un site fournissant des traductions de phrases qui me fut d’un grand secours. Un rien découragé, je m’en fus me coucher. Au réveil je pris une décision radicale : plutôt que traîner les pieds, j’allais m’atteler à la tâche et ne lâcherais l’affaire que terminée.  Ce fut long, pénible, harassant. Ce que je fis, aucune bête ne l’aurait fait, et c’est bien dommage car sinon je lui aurais refilé le bébé...  Au bout de huit heures de travail intense, seulement interrompues  par une courte pause sandwich, je pus envoyer le résultat à ma progéniture. Un long entretien téléphonique suivit afin de corriger d’éventuelles bévues dues à ma méconnaissance du sujet. Il y en eut très peu.

Aussi, le soir venu, je m’endormis, devoir accompli, du sommeil du juste.  L’exploit accompli, mon premier mouvement de révolte fut oublié et fit place à une douce satisfaction : n’est-il pas au fond préférable de se voir sollicité même pour une tâche ingrate, que d'être considéré comme un vieux con inutile ?

15 commentaires:

  1. Comme je me retrouve dans ce billet !
    Mon fils ainé qui lui aussi approche la trentaine, m'envoie toujours ses brouillons de lettres détaillant ses projets photographiques, généralement à corriger dans la plus extrême urgence, lui même étant totalement à la bourre et devant poster ce pli dans la seule poste parisienne ouvrant le soir. Dire que j 'ai envie de lui donner des claques est un doux euphémisme !
    J'ai corrigé aussi les devoirs de prépa de ma fille (en culture générale seulement !), mais je lui en sais gré car j'ai appris plein de choses, notamment sur Rabelais que je ne pensais pas si subtil !
    Mon mari se charge de l'anglais, mais ma fille ayant fait une école de commerce, c'est elle qui supervise maintenant les lettres de mission de son père !
    Pour finir, c'est vrai que sur le moment c'est toujours assommant, mais au final, on est bien contents que nos enfants nous réclament encore notre aide !

    RépondreSupprimer
  2. comme souvent un texte plein d'humanité et fort bien écrit que l'on pourrait résumer de façon lapidaire.

    " Tremblez parents, vos rejetons vendront votre peau au centimètre", nos enfants feraient passer Nosferatu pour un gentil petit gars.

    Pour ma petite , ma fille aînée vient de finir avec succès sa première année de maîtrise en droit des affaires, moi aussi dans deux mois on attaque la seconde, il paraît que nous souffrirons moins.

    Les trois autres me laisse en paix mais je suis sur mes gardes.

    RépondreSupprimer
    Réponses
    1. Bon courage pour l'année qui s'annonce ! La dernière, j'espère...

      Supprimer
    2. Nous en avons encore pour 3 ou 4 années si tout se passe bien.

      Supprimer
  3. C'est d'autant plus louable de votre part que vous auriez pu diriger votre fille vers une rewriteuse de vos contacts.

    RépondreSupprimer
    Réponses
    1. J'aurais pu, mais, bien que l'ayant envisagé, j'ai fini par me dire que le talent peu commun de cette personne pourrait se montrer contre-productif : le destinataire des écrits aurait été amené à penser que ma fille était par trop supérieure au modeste emploi qu'elle convoitait.

      Supprimer
  4. Etant également père d'un fille à peine plus âgée, je partage entièrement votre conclusion.
    Cela dit, s'il était possible de trouver un juste milieu, un moyen terme...enfin vous voyez ce que je veux dire.
    Amitiés.

    RépondreSupprimer
    Réponses
    1. Croyez-vous vraiment qu'il puisse exister un moyen terme en amour ?

      Supprimer
  5. De l'avantage d'avoir une grande tribu, les enfants se refilent souvent ce genre de pensum entre eux, je me suis déclarée "inapte", inapte à tout ou à peu près, enfin je me vante. J'ai élevé mes enfants mais lorsqu'ils sont théoriquement vraiment adultes ne me sens redevable vraiment que lorsqu'ils en ont vraiment besoin. Je me fais parfois encore un peu avoir, surtout lorsque je sens que mes résistances pourraient passer pour du désamour.

    Je pose mes limites et apprends à résister, malgré la société culpabilisante à souhait.

    Ceci dit, je suis une grand mère, indigne, mais ça, c'est parce que je le vaux bien!

    Bravo pour votre aide, mais ne recommencez pas plus souvent que vous en avez envie.

    RépondreSupprimer
    Réponses
    1. Vous tentez de dissimuler votre nature de mère-poule. Sans trop de succès. N'oubliez pas que je vous lis...
      Ceci dit amicalement...

      Supprimer

Remarque : Seul un membre de ce blog est autorisé à enregistrer un commentaire.