..Toi qui entres ici, abandonne tout espoir de trouver un contenu sérieux. Ici, on dérise, on batifole, on plaisante, on ricane.

dimanche 29 septembre 2013

Vous êtes sérieux ?



« On n'est pas sérieux, quand on a dix-sept ans … »

C’est sûr, Arthur ! Et pourquoi le serait-on ? Y a-t-il un âge ou ce serait utile, voire nécessaire ? Et d’abord, qu’est-ce au juste que d’être sérieux ? Si j’en crois le Petit Robert, pour ce qui concerne les personnes, est sérieux celui  (ou celle)« qui prend en considération ce qui mérite de l’être et agit en conséquence, avec le sentiment de l’importance de ce qu’il fait ».  Un autre sens fait du sérieux quelqu’un « qui ne rit pas, ne manifeste aucune gaieté ». Un bien triste luron, si tant est qu’un luron puisse être triste.

Quand je lis de telles descriptions, je me demande s’il est bien sérieux d’être sérieux. Je veux bien qu’on prenne en considération ce qui mérite de l’être. Prendre en considération ce qui ne mériterait pas de l’être ne serait-ce pas faire preuve d’une faute de jugement ? Maintenant, au nom de quoi décide-t-on  qu’une chose mérite considération ? Je suppose que le président de la Fédération Française de Bilboquet (si une telle fédération existe) prend son rôle avec le même sérieux que son collègue du football prend le sien.  Curieusement, ces deux activités me paraissent aussi futiles l’une que l’autre. Je ne saurais donc leur accorder ma précieuse considération. L’homme sérieux ne le serait donc qu’en fonction de goûts personnels discutables.

Prenons une cause universellement reconnue comme méritant d’être prise en considération telle que la protection du  bouzillon à crête mordorée dont le chant mélodieux égaie nos campagnes. Sachant la bestiole sensible au froid, je peux être amené à lui tricoter des cache-nez afin qu’il souffre moins de l’hiver. Étant un homme sérieux, je les confectionne « avec le sentiment de l’importance de ce [que je] fais » N’empêche, aux yeux de personnes futiles, il se peut que mon action en faveur du cache-nez des bouzillons  frise le ridicule.

J’ai vu hier un reportage sur une troupe de sourds-muets qui avait monté une version du Carmen de Bizet en…  …langue des signes ! Cela nous fut présenté avec sérieux.

Il ressort de cela que rien ne saurait objectivement justifier que l’on soit sérieux. Faut-il pour autant tout prendre à la rigolade et faire n’importe quoi n’importe comment ? Ma défunte mère, à qui il arrivait de dire des choses sensées bien qu’elle ait pris bien trop de choses au sérieux, avait fait sienne cette maxime de son père : « Tout ce qui mérite d’être fait mérite d’être bien fait ».  Ça me paraît raisonnable. Faire ce que l’on entreprend avec soin et conscience est souhaitable et suffisant. Considérer que c’est important me semble abusif puisque le primordial de l’un est le futile de l’autre. Perdre conscience de cette relativité peut mener au fanatisme lequel est toujours affaire de gens SÉRIEUX.

Alors que pas plus tard qu’hier je viens de passer avec succès la barre des 3,705882352941176 fois 17 ans (notez mon sens aigu de l’exactitude), j’en viens à la conclusion que je ne serai jamais sérieux et que je suis encore moins prêt à me prendre au sérieux.

18 commentaires:

  1. Joyeux anniversaire et profitez de votre jeunesse, comme chacun le sait, ça ne dure pas très longtemps.
    Et surtout continuez bien à n'être pas sérieux...mais je ne me fais aucun souci à cet égard.
    Amitiés.

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    1. La jeunesse ? Mouais... Il devient de plus en plus rare qu'on me demande ma carte d'identité quand j'achète cigarettes ou whisky (quant aux p'tites pépées...) Peut-être ai-je l'AIR vieux.

      Pour le sérieux, dans une autre vie, peut-être...

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  2. Jadis, un "sérieux" désignait un verre de bière (brune ou blonde, servie chez Lipp et au Balzar ) d'une contenance de 60 cl. -- en boire plusieurs, voilà qui était sérieux.

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    1. Bah, ça ne fait guère que 3 cl de moins qu'une pinte impériale. La honte et la crainte de ne pas être cru m'empêchent de dire combien il m'arrivait d'en boire lors de ma folle jeunesse londonienne.

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  3. Autant que vous le sachiez. Plus on avance en âge, moins on est sérieux.

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  4. C'est du bon sens populaire, une maxime heureus mais creuse.
    Toute la question est de savoir ce qui mérite d'être fait.
    Là dessus, il semble que les avis divergent, et d'ailleurs, ça vaut mieux pour tous, mais au final, on est bien sûr pas plus avancé.
    Il faut faire avec sérieux ce que le devoir nous donne à faire...
    Ne rien faire. Voilà l'art suprême.

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    1. Je ne suis pas d'accord avec vous, dsl. La formule n'est pas si creuse si on considère que c'est celui qui l'accomplit qui décide de son mérite. Elle n'a, à partir de ce moment, aucun besoin d'être réellement importante ou utile. Ainsi, le joueur qui décide de perfectionner son jeu de bilboquet peut-il le faire avec application sans être "sérieux".

      La notion de devoir que vous introduisez est tout à fait subjective.

      Quant à ne rien faire, cela mène inévitablement à l'ennui.

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    2. Vous êtes bien trop relativiste pour un conservateur, Jacques. Il est évident que toutes les fins ne se valent pas, et que certaines valent mieux que d'autres. On ne peut pas nier cela sans mettre en péril l'ordre du monde si cher à votre famille de pensée. D'où mon introduction du devoir dans ce joyeux désordre.
      Ne rien faire avec soin et conscience, voilà l'art suprême.

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    3. Qu'une valeur ou une idée soit relative n'empêche pas de la défendre. La valeur qu'on accorde à une fin est toute subjective. Quant à l'ordre du monde, je le vois comme dynamique et non comme statique.

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  5. 3,705882352941176 fois 17 anf, pfiou, voilà qui laisse rêveur -et admiratif. Tiens, rien que par curiosité, je vais voir à quel âge tombe pi fois 17 ans. Bon 3,705882352941176 17ème anniversaire, alors. Et bravo pour ce billet, une fois de plus -)

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    1. Ne vous fatiguez pas : ça fait 63 ans. Merci pour le compliment.

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  6. On de vient vieux quand on insulte les autres de jeunes cons.

    Joyeux anniversaire avec un peu de retard.

    Les gens sérieux sont ennuyants.

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