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dimanche 1 décembre 2013

Toi aussi, renonce à ta retraite !

La semaine passée, l’« affaire » Philippe Varin, Président du directoire de PSA, a défrayé la chronique. Et il y avait de quoi ! Figurez-vous que ce dégoûtant personnage aurait, si l’on n’en avait pas donné l’alerte, touché, sur 25 ans, quelque 21 millions d’Euros en guise de retraite-chapeau. Et au nom de quoi, je vous prie ?    D’un contrat qu’il aurait signé lors de son embauche ! Vous parlez d’une justification !  Si on se mettait à respecter les contrats, où irait-on ? Heureusement, la CGT veillait ! Il dénonça le scandale !  Le sénateur PS, David Assouline, en fut, le premier, tout retourné, MM. Borloo, Lemaire, Moscovici et Montebourg ainsi que tout ce que la France compte d’âmes nobles et élevées lui emboitèrent le pas.  

Chez Peugeot, où l’on est  sans vergogne, on argumenta qu’il s’agissait d’une simple provision, qu’il n’était aucunement question de verser 21 millions à ce monsieur. Le délinquant prit lui-même la parole (comment osa-t-il ?) pour expliquer qu’en fait, il ne toucherait « QUE » 300 000 € nets par an après taxes et impôts divers.  25 000 € par mois alors que tant de malheureux n’ont même plus les moyens d’acheter l’entrecôte qui nourrirait leurs chères têtes blondes, comme le dit la belle chanson !

M. Varin, acculé, céda sans enthousiasme face aux multiples pressions auxquelles il fut soumis. Medef et Afep saluèrent sa courageuse autant que sage  décision. La France respira à nouveau. Les 8000 employés de PSA  mis sur le carreau retrouvèrent le  sourire, l’État qui avait prêté 7 milliards à PSA fut soulagé de l’avoir fait à de braves gens, bref  tout rentra dans la normale.

Sauf que… 

L’État de droit sort en bien piètre état de cette aventure. Si l’on peut contraindre quiconque à renoncer à ce qui lui était garanti par un contrat en règle et conforme à la loi, pourquoi s’arrêter en si bon chemin ? Pourquoi ne pas déclarer clairement qu’aucun contrat n’a de valeur ?

La démagogie qui se gargarise de soi-disant « égalité » peut mobiliser les foules contre un homme dont les avantages sont jugés scandaleux en comparaison du lot commun. L’envie est une source inépuisable de haine. L’égalité, hélas, n’est jamais revendiquée que vis-à-vis de ses supérieurs.  Les belles consciences ci-dessus mentionnés vont-elles lors d’une nouvelle nuit du 4 août abandonner leurs propres « privilèges » afin que leur propre retraite ne puisse provoquer l’envie de personne ? J’en doute.

Si M. Varin a pu négocier un tel contrat, c’est qu’il était en position de le faire. Essayez un peu d’en faire autant, il est probable que votre employeur vous enverra vous faire voir chez Plumeau (à moins qu’un langage relâché  ne le pousse à exprimer de plus vertes suggestions). Car le problème, voyez-vous, c’est que vous n’êtes pas M. Varin, c'est-à-dire un homme qui se montra auparavant capable de redresser  les comptes du groupe sidérurgique Corus au point de multiplier sa valeur par quinze lors de sa revente à Tata Steel.  Si son passage à la tête de PSA n’a pas été couronné du même succès, cela ne change rien à la valeur d’un contrat signé sans qu’une clause de réussite y soit stipulée.

Cette envie pseudo-égalitaire me fait penser au sketch des Deschiens « Le pape » où M. Morel  compare M. Lochet au pape et lui trouve bien des mérites par rapport au Saint Père.  Il me paraît ridicule de  comparer  sa situation matérielle (ou autre) à celle d’une personne dont on n’a eu ni le succès  ni l’histoire. A moins bien sûr que l’on ne réclame une égalité pécuniaire totale, dans ce cas, il faudrait le dire clairement et avouer que la seule société tolérable soit un communisme sans nomenklatura. Je doute qu’un tel  projet ne rallie beaucoup de suffrages. Mais, a supposer que ce soit jamais le cas, en attendant ce beau jour, continuons de respecter les contrats, nous ne nous en porterons que mieux…

16 commentaires:

  1. Je suis entièrement d'accord avec votre billet, et j'ai été, du reste, étonné - non, consterné - de l'unanime condamnation de cette retraite-chapeau exprimée (sans surprise) par la presse, y compris "de droite", mais surtout par les partis politiques "de droite". « Je suis choqué. Partir avec une retraite de cette importance-là quand on a échoué à la tête de Peugeot, quand on n'a pas été capable de sauver un certain nombre d'emplois, quand on demande des efforts aux salariés, je trouve ça indécent » (Bruno Le Maire).

    De quoi je me mêle ? Bruno Le Maire et ses copains de l'UMP, qui codirigent la France avec les socialistes depuis si longtemps avec le succès que l'on connaît dans la sauvegarde de l'emploi, pourraient donner l'exemple et renoncer, eux aussi, à leur retraite parlementaire. Charité bien ordonnée commence par soi-même...

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    1. Si on soumettait le respect du contrat à la réussite, je me demande combien de professions verraient leurs retraites supprimées ou réduites...

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  2. Merci Jacques pour ce nécessaire rappel de la réalité.
    Sondage hier : 80% des citoyens pour l'interdiction des "retraites-chapeau".
    Je crains que la situation ne soit désespérée, et m'en vais regarder un divertissant film tamoul.

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    1. Vous devriez vous réjouir qu'il y ait 20 % de gens sensés. A moins qu'ils n'aient pas bien compris la question...

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  3. Si nos politiciens députés de tous bords pouvaient renoncer à leurs salaires indûment perçus.

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  4. L'erreur a été d'établir un contrat sans clause de réussite.(A moins que cette clause n'ait existé et que la retraite chapeau ne rémunère que l'échec. Pour la réussite, c'eût été plus cher?).
    Ce qu'on appelle retraite chapeau n'est qu'une prime de départ à la retraite. Un peu excessive selon certains. Personne n'a obligé Peugeot à en accepter le montant.
    Et Bruno Le Maire et ses copains politicards seraient mieux inspirés de s'occuper de leurs oignons et de ne pas attirer l'attention sur eux et leur régime de retraite.

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    1. Moi, ce qui me gêne, c'est l'envie. Si les gens veulent bénéficier de certains avantages, qu'ils se fassent embaucher comme président du directoire de PSA ou qu'ils se fassent élire députés...

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  5. Voila qui est bien dit! Tout patron de haute volée y réfléchira à deux fois avant de se faire embaucher par une entreprise française, France, pays où la pression médiatique et politique fait voler en éclat les contrats passés de gré à gré entre gens consentants.
    Notons que le jour où Varin a annoncé qu il renonçait sans vraiment y renoncer, le PSG annonçait que Laurent Blanc toucherait 6 millions d euros de salaire, ça n a choqué personne.

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    1. C'est en effet un très mauvais signal.
      Quand au foot, on est là dans le domaine du sacré...

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  6. Ils ont gagné ! L'Etat perd 14 millions de rentrées fiscales. Ils sont contents les connards. Ils veulent faire raquer les riches, mais dès qu'ils pourraient gagner de quoi alimenter leur soi-disant solidarité républicaine, ça gueule comme des putois. Cons et incohérents.

    Sinon, excellent billet. Comme d'hab'

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    1. Vous me flattez, Koltchak !

      L'incohérence de la démarche est aussi évidente que courante.

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  7. La droite veut "coller" à l'opinion, opinion qui bizarrement réagit fortement aux tendances des élites médiatiques ... Alors la poule ou l'oeuf ?
    Je crois que l'opinion cherche une cohérence dans ce salaire -- normale pour la culture française qui varie entre l'égalitarisme de la révolution et la culture catholique de l'humilité. Comment pourrait-elle avoir le logiciel lui permettant de faire confiance aux individus les plus talentueux pour le bénéfice de tous, alors que Colbert passe pour le moule parfait de nos hauts fonctionnaires ?

    Amike

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    1. Colbert, s'il s'habillait modestement de noir ne poussait pas l'austérité jusqu'à négliger de se bâtir une fortune considérable et pratiqua le népotisme avec ardeur et constance. Un grand modèle, en effet...

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  8. Excellent Jacques Etienne !! Vos commentateurs sont également de grandes qualités.

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