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jeudi 26 janvier 2017

Conseil d'orientation

Tu cherches un boulot super cool et bien payé ? Comme je te comprends, mon petit !Tonton Jacquot a trouvé quelque chose qui te conviendra : politicien ! Tu t'en foutras plein les fouillettes sans trop te fatiguer. Malheureusement, il n'y a pas d'école spécialisée qui y mène suite à un concours. Alors, comment s'y prend-on ?

Il y a deux méthodes, la traditionnelle et l'autre. Commençons par la traditionnelle. Elle prend du temps, et franchement, je ne saurais te la conseiller. D'abord tu t'inscris à un parti. Un parti qui a des chances de gouverner. S'il y en a un qui correspond à tes éventuelles idées vérifie tout de même que ses militants ne présentent aucune menace pour ta progression, sinon, choisis-en un autre offrant de meilleures perspectives. Participe activement à la vie associative locale. Fais-toi remarquer par ton zèle et ton dévouement. Si un siège se libère, n'hésite pas à en briguer la présidence. Sois sympathique avec tous. 

Sois souvent à la mairie. Que ton parti soit dans la majorité ou dans l'opposition, sois assidu aux séances du Conseil Municipal. Félicite chaudement ceux de ton parti pour leurs interventions. Ton énergie, ton souci du bien public, feront, si tu t'y prends bien, qu'on te sollicitera pour une place éligible au CM. Si tu es dans la majorité et qu'on te la propose, n'hésite pas à accepter une délégation d'adjoint. Prends la parole chaque fois que l'occasion se présente et même quand elle ne se présente pas. Si tu es dans l'opposition, dénonce la politique du maire avec véhémence.Si tu es dans la majorité, promeus des projets, de préférence démagogiques mais sans outrance. Aux prochaines élections, si le maire jette l'éponge tu pourras ainsi prendre sa place. Sinon, tu n'auras qu'à attendre cinq ans pour le prochain scrutin. Ne te décourage pas. La route peut être longue...

Admettons que tu parviennes à conquérir la mairie : si tu es de droite, montre-toi pingre sans trop d'excès. Si tu es de gauche, dépense sans compter dans des équipements collectifs plus ou moins utiles. Dans les deux cas investis-toi, si ce n'est déjà fait, dans l'intercommunalité. C'est essentiel pour la prochaine étape : être élu conseiller pour le département ou la région. A chaque niveau montre-toi dynamique, innovant et sympathique. Commence à serrer la main d'inconnus dès que l'occasion se présente. C'est à ça qu'on reconnaît le politicien. Les marchés du dimanche se prêtent à l'exercice (les autres jours il n'y a que des vieux). Semble intéressé par les radotages des vieux, les élucubrations des bavards, promets à chacun tout ce qu'il veut et son contraire. 

Maintenant, tu dois choisir ta voie : la présidence d'une assemblée territoriale ou la députation. Celle que tu as le plus de chance d'obtenir fera l'affaire. Il sera toujours temps de te présenter à celle qui t'attire vraiment quand la situation sera plus favorable. Député ou président départemental ou de Région, il faudra continuer à être partout : on t'invitera à toutes sortes d'inaugurations, de fêtes, de manifestations de tous ordres. Vas-y, quitte à ne passer qu'en coup de vent en cas de concomitance des manifestations. A tes yeux, l'inauguration d'un garage à vélos doit être aussi importante que l'assemblée générale de l'amicale des goitreux de progrès. Et elles le sont : tu te tamponnes de l'une comme de l'autre. Mais elles sont l'occasion de serrer maintes louches, de te montrer « pas fier », préoccupé de tout et de boire des canons (n'en abuses pas trop quand même). 

Avec un peu de chance tu seras réélu à moins qu'une vague rose ou bleue (plus ou moins foncée) ne te mette au chômage pour au moins cinq ans. A moins aussi que tu ne te voies contraint de céder ta place à un adepte de la seconde méthode qui fera l'objet de notre prochain billet.

8 commentaires:

  1. Vous auriez pu ajouter : "A moins que tu ne te voies contraint de céder ta place... mais ne t'inquiètes pas, si tu meurs, tous ceux qui auront eu ta peau seront là pour chanter tes louanges et dire comme tu étais un type formidable !"
    J'écris cela en connaissance de cause parce que lundi j'ai assisté aux obsèques d'un de ces hommes politiques formidables, lâché en son temps par les siens, qui sont tous venus verser leurs larmes de crocodiles.

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    1. Tout à fait d'accord avec vous sur la triste fin que connaissent certains politiciens. Pour ce qui est la sainteté post-décès, elle est presque de règle. De là à rêver une prompte mort pour voir ses mérites (toujours éminents) enfin reconnus, il y a un pas que je ne franchirai pas.

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  2. Explication parfaite d'une carrière évolutive.

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  3. Après avoir utilisé la première méthode, j'ai terminé ma carrière politique en tant que chef d'équipe de colleurs d'affiches. Le deuxième procédé va peut-être me donner des regrets.

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    1. Je pense que votre cas est loin d'être unique. Là j'envisage un parcours réussi. Mais il y a beaucoup d'appelé et peu d'élus. Il arrive que l'on se trouve doublé par quelque sournois et qu'on finisse dans une impasse...

      Le deuxième procédé ne mène pas plus surement au succès...

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  4. Et le Sénat? Ce serait ballot de faire l'impasse sur cette carrière. C'est discret, bien payé et la cantine a une excellente réputation. Quand au système de retraite, il est plus avantageux que celui de plombier.

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    1. Attention, les élus du Sénat sont généralement des élus élus par des élus. Tenter de devenir sénateur à partir de rien est donc aléatoire.

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