..Toi qui entres ici, abandonne tout espoir de trouver un contenu sérieux. Ici, on dérise, on batifole, on plaisante, on ricane.

vendredi 7 octobre 2011

Adieu, veaux, vaches, blogroll !



J'ai, sur les conseils avisés de M. Jégou, il y a un peu plus de trois semaines, décidé de me lancer dans une des aventures les plus périlleuses que peut tenter un homme (ou une femme) en ce vingt-et-unième siècle balbutiant :  j'ai créé ce blog, mon blog. Je fus surpris du nombre et de la qualité* de ceux qui me firent l'honneur et la joie de venir le visiter dès le premier billet. Ce succès ne se démentit pas et le niveau de fréquentation du premier jour fut largement dépassé à plusieurs reprises. Une chose pourtant me turlupinait :  l'essentiel de mes visiteurs venait de l'excellent blog de M. Goux. Presque deux tiers ! Car M. Goux, sans que je ne l'en supplie, sans même me réclamer le moindre petit chèque m'avait inscrit dans sa blogroll magique. Une redoutable machine, cette blogroll ! Y apparaître assure le succès, en disparaître est la fin des z'haricots. D'où les multiples pressions, menaces et peut-être voies de fait dont le propriétaire de l'endroit ne manquait d'être l'objet de la part de ceux qui ne s'y affichaient pas ou plus. Ça le lassa. On le comprend. Et que fit-il hier soir, le brave homme ? IL LA SUPPRIMA ! Ou, si j'ai bien compris, la refondit et partit la cacher "là ou personne ne va" ce qui revient pratiquement au même.

Quelles seront les conséquences de cette nouvelle donne ? Vais-je voir mes visites fondre comme prospérité  en socialisme ? Alors que je caracolais vers largement  plus de 5000 visites pour mon premier mois, vais-je devoir réviser mes attentes ? Pour réveiller l'intérêt de la blogosphère, me faudra-t-il aller poser nu chez ILYS, participer hypocritement aux primaires citoyennes, poster d'innombrables commentaires dument liés sur tous les blogs de la création ?

Ou bien l'élite des lecteurs de blogs* continuera-t-elle de venir ici abreuver sa soif de savoir et de sagesse comme devant ?

L'avenir nous le dira...


*On ne le soulignera jamais assez !

jeudi 6 octobre 2011

De Badinter, du bonneteau et d'autres escroqueries.




"Choisirez-vous de couper un homme en deux ?" demanda le gentil Maître Badinter aux jurés du procès de Patrik Henry, à Troyes, en 1976. Il avait au préalable convoqué quelques experts afin qu'ils leur expliquassent le fonctionnement de la guillotine. Les braves membre du jury, émus, condamnèrent le coupable à la réclusion criminelle à perpétuité.

Couper un homme en deux ! Ce n'est vraiment pas "cool". Un mauvais esprit dirait que c'est plus "sympa" que de le couper en mille morceaux en commençant par les orteils. Ou encore que de le rouer vif  avant de l'écarteler à quatre chevaux comme on fit au bon Ravaillac.

N'empêche qu'il fut 'achement habile, le vieux Robert. Il défendait l'indéfendable : un meurtrier d'enfant, indubitablement coupable, et qui avait lui même, avant qu'on ne le confonde, déclaré que le meurtrier mériterait la mort ! Pas évident... Un des principaux arguments des opposants à la peine capitale est son irréversibilité en cas d'innocence. Dans ce cas, plaider l'innocence eût été hasardeux, vu qu'on avait trouvé le cadavre du petit Philippe Bertrand sous le lit du ravisseur et suivant ses indications... Il fallait donc trouver autre chose.

Et Badinter trouva la faille : puisqu'en l'état de la législation la raison aurait voulu que l'on infligeât à M. Henry la peine de mort, il fallait faire appel à l'irrationnel, à l'émotion. Insister  sur l'horreur du châtiment, la hisser au même niveau que celle du crime qui l'eût justifié. Avec en plus l'avantage qu'ainsi ce seraient de braves gens, d'honnêtes citoyens et non un criminel endurci qui se trouveraient responsables d'un acte de barbarie.

On peut penser ce qu'on veut de la peine de mort. Personnellement, dans le cas où aucun doute n'est possible et du moment que le crime jugé est particulièrement odieux, je suis pour. Mais là n'est pas la question. Ce qui me choque, dans ce cas, c'est la méthode utilisée pour éviter qu'elle ne s'applique.

 Transformer le bourreau en victime, faire naître chez ceux qui sont chargés de le juger un sentiment de culpabilité, susciter leur pitié est une vieille ficelle. Le pire est que, comme les plus anciennes arnaques, elle marche à tous les coups. Prenez le bonneteau, par exemple. Ça remonte au moins au Moyen Age. Il faut être d''une innocence et d'une ignorance insondables pour ne pas savoir que le jeu est truqué. Eh bien,  tous les matins,  se lèvent  des pigeon qui s'y font piéger

Les escamoteurs "moraux", eux aussi, gagnent souvent. Il leur suffit de faire virevolter les idées comme au bonneteau on jongle avec les cartes. Le chaland finit par penser que le rouge se trouve là où est le noir, que le châtiment est pire que la faute.

Prenons le cas de la "double peine".  Un étranger, proxénète avéré ou trafiquant de drogue, se voit condamné à la prison. Avant la suppression de la "double peine", à sa sortie, on l'envoyait méditer sur ses erreurs dans son pays d'origine et s'y refaire une santé morale. Parce qu'on pouvait juger que la France avait peu d'avantage à conserver sur son sol cet hôte discutable. Eh bien, on avait tort : on oubliait que ce brave homme avait quitté bien jeune son pays d'origine, qu'il avait, à grand peine, développé dans notre sol généreux de profondes racines. Que le "renvoyer" dans un pays qu'il connaît si mal ou si peu serait d'une cruauté inouïe. Que deviendraient, sans lui, sa tendre épouse, ses malheureux enfants ? Sans parler de la peine qu'en auraient ses "protégées" ou ses "clients"... Inadmissible, on vous dit...

Autre exemple. M. X est entré en France sans autorisation. Il y vit sans papiers (on se demande comment c'est possible) depuis dix ans, quinze ans, plus parfois. Et voilà qu'à la suite d'on ne sait quel malheureux concours de circonstances il se fait arrêter et on s'apprête à l'expulser. C'est honteux ! Vous vous rendez compte, un gars qui avait quitté bien jeune son pays d'origine, qui avait développé dans notre sol généreux...etc. Régularisons bien vite M. X ! L'ancienneté de son délit lui donne des droits ! Un peu comme si se livrer impunément depuis dix ans ou plus au vol à l'étalage était un argument en faveur du pardon.

On pourrait multiplier les exemples.

Bonneteau, je vous dis ! Ne vous laissez pas abuser par les bonimenteurs de foire, qu'ils soient ancien garde des sceaux ou pas : ils ne veulent pas nécessairement votre bien ni celui de la société où vous vivez.

mercredi 5 octobre 2011

Préservons nos écosystèmes, certes, mais lesquels ?.



J’ai beau ne pas traiter mes légumes, trier consciencieusement mes déchets et de manière générale tenter de ne pas trop saloper mon environnement,  je ne me considère en rien écologiste. Plus qu’une idéologie rétrograde, c’est un minimum de bon sens qui me dicte ma conduite. Ça, et la certitude que si mes tomates, comme elles en ont la fâcheuse  coutume, pourrissent à cause du mildiou au moment où elles s’apprêtaient à murir, j’aurai toujours la possibilité d’en acquérir à la supérette du bourg voisin. Ces dernières ne seront peut-être pas aussi bonnes, pas aussi « bio » mais je n’en serai pas privé.

Mes lecteurs attentifs, si j’en ai, auront senti leurs cheveux se dresser sur leur tête en me voyant qualifier l’écologie d’ « idéologie rétrograde ». Ou alors c’est qu’ils sont de bien mauvais sujets, ce qui ne m’étonnerait qu’à moitié. Pourquoi osé-je ce blasphème ?  Eh bien  parce que la préservation des écosystèmes me semble une idée très conservatrice.

Procédons par ordre : Qu’est-ce qu’un écosystème ? Selon le Petit  Robert, un copain à moi qui, malgré son jeune âge est d’une culture quasi-mirandolesque, un écosystème  est une « unité écologique de base formée par le milieu (=>biotope) et les organismes végétaux, animaux et bactériens(=>biocénose) qui y vivent. Et Bobby de nous citer pour exemple : « La forêt, la montagne, les déserts dont des écosystèmes ».
Ce qui me chiffonne là dedans, c’est que l’écosystème à préserver est présenté comme stable, voire immuable. Moi je veux bien. Mais si je lève les yeux de mon écran, qu’aperçois-je ? Des collines.  Et un bout de la petite départementale qui serpente entre elles.  Je suppose que ces collines sont plutôt anciennes. Elles appartiennent au massif armoricain, formation géologique remontant au Paléozoïque , ce qui ne nous rajeunit pas. Jadis fières montagnes, les 330 millions d’années qui se sont écoulées depuis l’apparition du plissement hercynien les ont vues grandir puis s’éroder. Tout ça pour dire qu’elles n’ont rien d’éternel. Mais ne chipotons pas.  Admettons que ces quelques derniers millions d’années elles n’ont pas trop changé. 

A part que sur ces collines, j’aperçois de drôles de choses : un champ de maïs, des prés où paissent des vaches, des talus surmontés de hêtres et de chênes. Rien moins !  Ça n’a RIEN de naturel. Tout ça a été créé par un être relativement récent appelé « homme » apparu dans la région il n’y a pas si longtemps, soyons larges, disons quelques dizaines de  milliers d’années. C’est ce coquin qui a défriché, monté les talus, tracé la route, élevé les vaches, semé le maïs (plante arrivée hier seulement  de la lointaine Amérique). Autant le dire clairement, dans nos vieux pays, que ce soit à la mer à la montagne, à la campagne, la « nature » n’a rien de bien naturel.

Admettons que  voici seulement quelques millénaires  régnait ici la lande d’ajoncs, de genêts  et de bruyères. On peut penser  que conséquemment y prospérait  le couineur des  ajoncs (oiseau imaginaire uniquement là pour détendre l’atmosphère et illustrer mon propos, comme toutes les autres espèces que je citerai), qu’insectivore, il se repaissait de la mouche à perruque mauve laquelle prospérait grâce aux déjections du gougnassier genêtivore, etc.  Bref, que l’écosystème y était TOTALEMENT différent.
 
En faisant pousser des chênes sur les talus qu’il a construit, l’agriculteur a permis que le geai (des chênes ) s’y installe, en se spécialisant dans l’élevage bovin, il a assuré la fortune de la mouche à bouse dont se repaissent les joyeux zoziaux, etc.

Tout cela pour dire que ceux qui défendraient l’écosystème de mes collines ne feraient que tenter de figer l’histoire en un point précis alors que celle-ci est perpétuel mouvement, interaction entre la « nature », la géologie, le climat et l’homme.
Là-dessus, je vais planter des fraisiers.

lundi 3 octobre 2011

A questions complexes, réponses simples.




Une des questions sociétales qui préoccupe le plus les français (du moins ceux qui sont dignes de ce nom) est le mariage homosexuel. Au nom de quoi, je vous le demande, refuserait-on à une partie de la population de contracter mariage, hein ? Les réacs vont aller nous dégoter des arguments à la noix, genre : le mariage a pour but  de fonder un foyer où naîtront puis grandiront des enfants, nanani, nananère et nanana. N'importe quoi ! On se demande où ils vont pêcher des idées pareilles !

On pourrait discuter sans fin là-dessus. La droite s'y refusera afin de ne pas choquer une partie de son électorat, la gauche sera pour, afin de draguer quelques électeurs en prenant une mesure qui ne coûte pas un rond et qui s''inscrit merveilleusement dans le sens du "progrès".

Alors qu'existe une solution simple : SUPPRIMER LE MARIAGE POUR TOUS !

Une autre question fondamentale est celle de l'urgence de supprimer le terme "mademoiselle" qui discrimine et constitue une insupportable intrusion dans la vie privée des femmes en signalant le fait qu'elles sont ou non mariées. A ce propos, je me souviens que ma marraine revint un jour de confesse,  rose de plaisir, car le brave curé de notre lieu de villégiature l'avait appelée "Mademoiselle". Je me suis alors demandé si le bon père n'avait pas la vue un peu basse ou bien si, au contraire, sa vue perçante l'avait amené à juger peu vraisemblable que le physique un tantinet "difficile" de ma chère tante lui ait permis de trouver mari. Mais je digresse...

Que faire, comme disait le bon Lénine ? La suppression totale du mariage résoudrait l'opposition. Mais en attendant ce beau jour ? Pourquoi ne pas adopter l'usage d'un très seyant "Mondamoiseau" pour les jeunes hommes non-mariés ? Ou encore "Monécuyer" ou "Monbachelier" ?

On pourrait encore, comme au temps de notre belle révolution ,  revenir aux citoyen/citoyenne. Mais vu que notre beau pays a la chance insigne de bénéficier d'une forte et saine immigration, cela poserait problème : comment savoir si votre interlocuteur est un citoyen ou le sujet de quelque exotique monarque ?

La solution est simple. ON SUPPRIME TOUT TERME D'ADRESSE ! (Chacun porte son prénom sur un badge et on le vouvoie.)

L'inégalité des salaires ? ON SUPPRIME LES SALAIRES !

L'inégale lutte entre le pot de terre et le pot de fer ? ON SUPPRIME LES POTS !


Les solutions simples abondent. Malheureusement, il y a du shadok en nous et nous répugnons à faire simple quand le compliqué nous tend les bras.

dimanche 2 octobre 2011

Mon prince, on a les révoltes du temps jadis qu'on peut...

Photo d'une classe de première en 1967. Ce n'est pas la mienne. 
N'empêche elle y ressemble : nombre,  joie, gaité, bonne humeur..



Hier soir, pour passer le temps avant que vienne un peu de fraîcheur, je me rendis sur un blog ami. Un fascinant débat s'y tenait. Il était question de la jeunesse d'aujourd'hui, laquelle,comme chacun sait, a bien des malheurs. Un jeune et brillant intervenant y expliquait,orthographe et syntaxe douteuses à l'appui, à quel point la génération Internet était supérieure aux vieux cons attachés à leurs poussiéreux grimoires : plus réactive, d'esprit délié et subtil, mieux informée, etc. C'était à vous donner envie de vous jeter un bon coup d'élixir de jeunesse derrière la cravate, de vous payer une connexion au web et de brûler vos satanés bouquins afin de devenir, ne serait-ce qu'un tout petit peu, moins con...

Ce n'est pourtant pas cela qui me fait réagir ce matin. C'est plutôt le débat portant sur le rejet du conformisme "moderniste" par une partie de la jeunesse. Ainsi, selon  M. Marchenoir  "il y a très clairement, parmi la jeune génération, une tendance à rejeter le pipeau gauchiste, qui était l'alpha et l'oméga des jeunes générations précédentes."

DES générations précédentes ? Là je tique un peu. Ayant l'honneur et l'avantage d'appartenir à la génération des baby-boomers j'ai connu les années 60. J'avais alors entre 10 et 20 ans. Contrairement à ce que pense un vain peuple, les swinging sixties, comme les nomment nos amis d'outre-Manche, ne swinguaient que moyennement. En fait, c'était une vie en noir et blanc. Et pas uniquement à cause de la télé ou du ciné. J'évoque plutôt ainsi le contraste violent qui naissait des fortes oppositions politiques, économiques, culturelles qui marquaient l'époque. Il y avait un fort Parti Communiste, certes. Mais aussi, en face et tout aussi déterminée, une droite, catholique parfois,  dont le conservatisme et les prises de position seraient jugés excessifs  par le FN d'aujourd'hui. Cela tenait probablement au fait que la génération qui nous précédait, celle de nos parents, avait eu la guerre pour jeunesse. Pas la version simpliste qu'on nous en donne aujourd'hui selon laquelle face à quelques salauds pétainistes une majorité d'héroïques français résistait comme  une folle. Les choses étaient plus complexes : on pouvait être à la fois pétainiste et attendre la libération, pétaino-gaulliste, en quelque sorte. L'épée et le bouclier... Travail, famille, patrie, ça leur allait comme un gant. Et puis plus que tout, ayant connu l'anarchie, ils rêvaient d'ordre.

Mes parents, comme la plupart de ceux des jeunes que je fréquentais, appartenaient à la petite (micro?) bourgeoisie catholique. On allait à la messe, on faisait des études secondaires puis supérieures :  on était une minorité. Et à la maison ça ne rigolait pas sur tout. Les mauvais sujets qui, comme moi, ne se sentaient pas trop de rentrer dans le moule avaient tendance à trouver étouffant le conservatisme ambiant. Les "Tanguy" n'étaient pas légion tant l'autorité des parents se faisait pesante. Et c'était tant mieux. Avoir en face de soi un mur de certitudes sur lequel on sait qu'on se fracasserait en fonçant contre bille en tête oblige à grandir. Beaucoup de jeunes d'aujourd'hui ont des parents sympas, compréhensifs, arrangeants : du coup, ils s'incrustent. Ils prolongent une enfance gâtée...

Face à ces partisans de l'ordre,  quoi de plus naturel que de répondre à l'appel des sirènes contestataires ? Ça ajoute des oripeaux idéologiques du meilleur effet à votre révolte individuelle... Ainsi, comme beaucoup de ma génération, j'ai un temps adhéré à ce que les jeunes de la droite d'aujourd'hui considèrent comme l'idéologie dominante... Et puis j'ai évolué. 

Certains sont restés "fidèles aux idées de leur jeunesse". C'est pratique : pas de remise en question. Ça a aussi ses limites : peut-on vraiment trouver fierté, par fidélité à sa jeunesse,  à continuer de porter des culottes courtes et de jouer aux billes ? 

Eh oui, j'ai eu les révoltes de mon époque. Comme certains jeunes d''aujourd'hui ont celles de la leur. 

On a les révoltes qu'on peut, celles qui sont dans l'air du temps....

samedi 1 octobre 2011

Soyons cohérents...



Si "Je est un autre" pourquoi continue-t-on à m'envoyer ses feuilles d'impôt ?

Que sont les chanteurs devenus ?



Je ne sais pas comment ça se passait chez vous, mais chez nous, bretons (de Paris), c'était comme ça : pour toute fête de famille, baptême, communion, fiançailles ou mariage, chacun venait avec sa (ses) petite (s) chanson (s).

C'était quasi-obligatoire. Ainsi mon parrain nous régalait de sa version expurgée (dans une famille chrétienne et décente, fallait quand même pas exagérer !) de "Méfiez-vous d'Anatole", mon oncle nous chantait "Ramona" en breton, une tante de ma mère nous chevrotait "Le fil cassé"de Théodore Botrel, tandis qu'une autre grand tante nous offrait les délices plus exotiques de "La samba brésilienne", avec chorégraphie, s'il vous plaît! Mes parents avaient chacun leur répertoire ET leurs duos dont "Kénavo" que reprit plus tard, de façon parodique, Jean-Pierre Marielle dans les inoubliables "Galettes de Pont Aven". C'était on ne peut plus adapté : Il se nommait Jean-François, elle, Yvonne et il avait été marin. Je tiens à signaler cependant que  ce qui se passe ensuite dans la vidéo en lien eût été déplacé dans le contexte d'une communion ou d'un mariage.

On finissait par les connaître par cœur. On reprenait les refrains en chœur. Leur principal mérite était d'être des plaisirs attendus. Leur absence aurait déçu. On les réclamait donc. "Roger, une chanson, Roger, une chanson !" scandait l'assemblée. Roger se faisait un peu prier... Et puis il cédait, se levait, tapait du couteau sur son verre pour établir le silence et poussait sa chansonnette. Rituellement, les applaudissements calmés, l'assemblée entonnait "Quand un chanteur a bien chanté, quand un chanteur a bien chanté, toutes les femmes, toutes les femmes, toutes les femmes doivent l'em-embra-asser ! "  C'était alors la ruée vers le chanteur et un festival de bises...

Parfois, un peu poussé par d'intenses libations, il faut bien le reconnaître, un franc-tireur à qui on ne demandait rien mais envahi d'une irrésistible envie de chanter, frappait son verre du couteau et se lançait. Je me souviendrai toujours de ce vague cousin à la mode de Bretagne qui lors des fiançailles de la fille d'amis de mes parents tenta en vain et à moult reprises d'entonner "Les fraises de Plougastel-Daoulas", chanson si triste que, les premiers vers chantés, il retombait avec une lourdeur d'ivrogne sur son siège, en sanglots. Mais, breton  têtu, quelques minutes plus tard, il se lançait dans une nouvelle tentative qui se terminait elle aussi dans les larmes... Je n'ai jamais connu la raison de ces pleurs.

Aujourd'hui, on ne chante plus. On boit peu. On fait appel à des animateurs pour éviter l'ennui. N'empêche, c'était émouvant, tous ces chanteurs et chanteuses... Ils ont disparu, emportant avec eux un lambeau de notre culture populaire française...