..Toi qui entres ici, abandonne tout espoir de trouver un contenu sérieux. Ici, on dérise, on batifole, on plaisante, on ricane.

mercredi 6 août 2014

Mettons fin au scandale !



La colonisation est un crime. Toute personne surprise à affirmer que sur certains points, peut-être, elle aurait pu avoir des aspects positifs s’expose à la vindicte de nos bons gauchistes en attendant qu’une prochaine loi vienne lui infliger la juste peine qu'ils méritent. Je me garderai bien de les contredire et même j’irai dans leur sens afin que soit mis fin à un abus qui souille d’une tache honteuse la robe immaculée de notre chère République. Je veux bien entendu parler de ce scandale que constitue la pérennisation du système colonial dans ces confettis d’empire que l’on a maladroitement tenté de masquer sous le sigle de DOM-TOM.  

Si une colonie est un « établissement fondé par une nation appartenant à un groupe dominant dans un pays étranger à ce groupe, moins développé, et qui est placé sous la dépendance et la souveraineté du pays occupant dans l’intérêt de ce dernier » comme l’écrit M. Robert Le Petit dans son best-seller*, il faudrait toute la mauvaise foi d’un ennemi du progrès pour nier que les DOM-TOM correspondent en tout point à cette définition. Ce n’est pas Mme Christiane Taubira, militante indépendantiste de longue date à qui seule sa générosité naturelle a permis de surmonter ses justes rancœurs  pour venir instaurer un peu plus de justice au sein de ce peuple même qui opprima et continue d’opprimer le sien, qui me contredira.

Depuis bientôt quatre siècles pour certains, ces territoires souffrent sous le joug d’une puissance étrangère hostile à leur développement culturel et économique après y avoir en maints endroits pratiqué l’esclavage jusqu’en 1848, c'est-à-dire, à l’échelon de l’histoire, hier. Comment de si récentes plaies pourraient-elles ne serait-ce que commencer de cicatriser ? Comment de si infâmes crimes pourraient-ils sombrer dans l’oubli ?

Il serait grand temps de mettre un terme à cette situation scandaleuse qui trouve sa source dans notre rapacité égoïste. Bien sûr, il faudrait se résigner à ce que la France perde son rang au classement des producteurs de bananes ou de rhum. Il faudrait qu’elle se résigne à cesser de voir flotter son drapeau sur les Caraïbes, Le continent Américain, les océans Indien et Pacifique et jusque sur certain archipel de l’Atlantique Nord. Mais la justice n’a-t-elle pas un prix ?

Certains mettent en avant le fait que nos Antilles sont françaises depuis bien plus longtemps que certaines provinces métropolitaines. Comme si l’ancienneté d’une faute justifiait sa poursuite** !  D’autres mettront en avant des raisons stratégiques. Sans ces territoires et les bases qu’elles offrent, la France cesserait d’être une puissance mondiale capable d’intervenir en tout endroit du globe. Il est cruel de sortir une telle  plaisanterie devant qui a les lèvres gercées.  D’abord on ne peut pas réduire continuellement son budget militaire ainsi que les effectifs de son armée et affirmer sa prétention à demeurer une puissance militaire de premier plan. Ensuite, si on y tient vraiment, il serait possible de passer des accords avec les nouveaux pays indépendants pour conserver nos bases. Et Kourou ? La belle fusée Ariane, on va la tirer  de Romorantin, peut-être ? Rien ne s’oppose à ce que nous la conservions moyennant finances. Qu’en feraient les guyanais en attendant d’avoir mis au point une fusée capable d’envoyer Christiane faire régner la justice dans l’Espace ?  Kourou, c’est comme les bananes et le rhum ça s’achète

Il semble donc que la France survivrait à ces indépendances. Reste à savoir si les habitants des DOM-TOM seraient ravis de leur nouveau statut. Je ne vois à priori aucune raison pour qu’ils ne le soient pas. Recouvrer la maîtrise de leur destin leur permettra de libérer une énergie jusque là bridée. La langue de l’oppresseur serait remplacée aux Antilles, en Guyane et à la Réunion par les créoles locaux entraînant un formidable épanouissement culturel. Cessant d’être pillés par la métropole, les économies connaîtront certainement des transformations inouïes leur permettant de rejoindre le niveau de leurs voisins***.

Comment, vous craignez que le tableau idyllique que je viens de brosser ne soit pas réaliste ? Qu’en fait, le désengagement de la France dans ces territoires et départements entraînerait un effondrement économique et culturel ? Insinueriez-vous que loin de leur nuire, la métropole les soutiendrait ? Mais cela ne change rien au fond du problème ! Ces gens méritent leur liberté ! Et de plus, est-il raisonnable qu’un pays déjà surendetté continue de maintenir à bout de bras des confettis d’empire au mépris des droits les plus fondamentaux des peuples ?  Notre retrait concilierait donc bonne action et saine gestion. Ce n’est pas si souvent le cas !

*Dictionnaire de la langue française
** Ce n’est valable que dans le cas des sans-papiers : plus leur statut de hors la loi est ancien, plus on les pardonne. Curieusement, quand on pratique le racket ou le commerce de l’héroïne, l’ancienneté de cette pratique n’en facilite pas le pardon.
***Comment ça, le niveau économique de leurs voisin est bien moindre ? Vous êtes sûr ?

mardi 5 août 2014

Conserver le pouvoir : un but en soi ?



J’ai du mal à le comprendre, mais il semblerait que se voir réélire à la Présidence soit le but quasi-unique de qui est parvenu à s’y élever. Il ne s’agit aucunement d’être porteur d’un projet, d’un désir de réformer le pays de façon à ce que les Français soient sinon heureux du moins continuent de jouir d’une certaine prospérité et d’un minimum de sécurité mais simplement de continuer à occuper le poste.

Comment expliquer cela ?  Goût du pouvoir, des ors du palais présidentiel ? Plaisir masochiste de se voir traîner dans la boue et hué à chaque sortie par tout un chacun ?  

Mais de quel pouvoir parle-t-on quand, par démagogie ou pleutrerie, on se voit contraint de revenir sur bien des « décisions » prises dès que l’on s’aperçoit que l’on a mécontenté telle ou telle frange de l’opinion ?  Quand on met tant d’eau dans son vin (si tant est qu’on ait jamais eu de vin) afin de réunir autour d’un vague projet une majorité hétéroclite toujours au bord de la rupture ?  Pour ce qui est du goût des palais, des voitures avec chauffeur, des voyages officiels, des visites à l’étranger, des réceptions, des avions, et de tous les menus avantages qu’offre la fonction, on peut envisager qu’un être particulièrement futile puisse l’avoir. Mais cela compense-t-il vraiment le désagrément que ressentirait toute personne normale à se voir l’objet de tant de haine de la part de ceux pour qui l’on déclare œuvrer ? A moins, évidemment qu’un désordre mental fasse que vous ne puissiez être heureux que quand tout journaleux digne de ce nom vous traite d’imbécile, d’incapable, critique votre allure, votre façon de vous vêtir, expose votre vie personnelle et que le « peuple » vous vomit et vous contraint afin d’éviter ses huées à mettre entre vous et lui de plus en plus de distance et de forces de l’ordre ?

Qu’importe au fond ? Une chose est certaine : le seul but d’un président est d’être réélu et par conséquent il n’a pas besoin d’une politique mais d’une stratégie. Une politique clairement définie ne saurait que lui aliéner bien des citoyens, une stratégie vise à lui permettre, aussi impopulaire et inconsistant soit-il, de conserver sa place, par défaut. Il me semble, à lire nombre d’articles de presse, que la stratégie présidentielle n’a jamais été autant à l’ordre du jour. Détruire un opposant potentiel, faire monter la cote d’une éventuelle concurrente dont on pense l’élection impossible, réformer le mode de scrutin afin qu’une éventuelle dissolution ou une élection après un échec à la présidentielle limite la casse chez ses partisans et rende inévitable la formation d’un gouvernement de coalition, voilà ce qu’on envisage à longueur de colonnes. N’est-ce pas désolant ? D’un autre côté, que peut-on attendre de la part d’un président qui n’est arrivé laborieusement là où il est que suite à une série de hasards et de manigances internes à son parti ? Candidat par défaut, élu par défaut, comment pourrait-il rêver d’autre chose que d’une improbable réélection par défaut ?

Et c’est ça le plus désolant : alors que la situation qu’il a notablement coopéré à détériorer réclamerait un homme d’état qui n’aurait, sans se préoccuper des conséquences en terme de popularité, pour but que de réformer le pays  afin de le sortir du marasme où il s’enfonce inéluctablement, nous n’avons qu’un magouilleur dont le seul dessein est de se succéder à n’importe quel prix. On attribue à la Marquise de Pompadour la phrase « Après nous le déluge ! » Ne pourrait-on pas faire  de « Après Moi président, Moi président ET le déluge » la devise de notre cher Hollande ?

Après ça on a le brave culot de nous demander de nous intéresser à la « politique» !

lundi 4 août 2014

Le Portugal



Situé au sud-ouest de l’Europe, le Portugal se distingue de la Suisse, du Liechtenstein et de la Mongolie par une façade océanique importante. Il y règne un climat méditerranéen, ce qui est surprenant de la part d’un pays  dont les côtes sont situées sur l’Atlantique. En dehors du continent, et à l’exemple de l’Espagne et de ses Canaries, le Portugal possède des archipels perdus au milieu de l’océan, les Açores, célèbres pour leur anticyclone* et Madère, renommé pour son vin. C’est sur l’île de Pico, aux Açores que se trouve le point culminant du pays, un volcan pas très actif, surtout pour un portugais, nommé Ponta da pico, dont le sommet s’élève à 2351 m. Sur le continent, il faut se contenter de 1993 m à la Serra de Estrela (dont on se demande pourquoi elle n’est pas montée jusqu’à 2000 m, vu que le plus gros du travail était fait). Le nord-est y est montagneux et le reste nettement moins. Il arrive même que certaines parties plates et de faible altitude y constituent des plaines. C’est dire si les paysages y sont variés. De nombreux fleuves le parcourent, souvent venus d’Espagne. Ce qui est très frustrant pour les amateurs de sources portugais et les passionnés d’embouchures espagnols contraints de se rendre à l’étranger pour assouvir leur passion.

L’histoire du Portugal est riche et longue. Dès l’antiquité, Grecs et Phéniciens venaient s’y ravitailler en morue (dont ils raffolaient) et en métaux. Lisbonne aurait été fondée par les Phénicien mille ans avant Jésus-Christ. Mais il s’agit là de on-dits auxquels nous accorderons un crédit limité en l’absence de témoins. Colonisé par Rome, le pays connut les invasions barbares avant d’être conquis par les arabes, suite à l’absence d’un Charles Martel local. Toutefois, la Reconquista permit que se formât, en 1139 un royaume du Portugal. Il est à noter que les frontières du pays avec l’Espagne sont les plus anciennes du monde, vu qu’elles ont été fixées par le traité d’Alcanices en 1297 et qu’elles n’ont pas bougé depuis. Au XVe siècle, à force de regarder l’Atlantique, certains portugais finirent par se demander si en y naviguant on ne parviendrait pas à d’autres contrées. C’est ainsi que de hardis navigateurs se mirent à explorer les côtes africaines avant de partir pour les Indes et, contrairement à Colomb, d’y parvenir. Et ils ne s’arrêtèrent pas là ! Ils s’établiront en Chine et pousseront jusqu’au Japon.  De l’autre côté, ils conquièrent le Brésil d’où ils ramènent le fameux bois éponyme, le football et la samba. Le Portugal connaîtra son âge d’or suivi, comme il se doit d’une lente et constante décadence. Un temps réuni à son voisin espagnol, il retrouve son indépendance et reste un royaume jusqu’à ce qu’une révolution y établisse la république en 1910 avant qu’un coup d’état militaire  ne mène finalement au pouvoir un certain de Oliveira Salazar qui y restera une quarantaine d’années jusqu’à ce que son régime soit renversé par la Révolution des Œillets en 1974. Ensuite le pays rejoint l’Union Européenne, la zone Euro et est désormais gouverné depuis  Bruxelles.

« Si les Portugais sont gais, les Espagnols sont gnols » aimait à répéter Heidegger. Et pour ce qui est d’être jovial, le Portugais ne craint personne. Inlassable travailleur, il ne crache pas sur le pinard et partage avec le Phénicien un goût immodéré pour la morue. Bien que qualifié de lusophone, c’est le Portugais et non le luso qu’il parle. Il s’agit d’une sorte d’Espagnol, mais avec des voyelles nasales. Le Portugais s’appelle de Oliveira, da Costa ou da Silva, ses enfants Maria, Joao ou Jesus, suivant leur sexe et sa femme Mme de Oliveira, da Costa ou da Silva. Il est de culture catholique et adore les travaux de maçonnerie. Tout cela est fort sympathique et a permis à la nombreuse communauté portugaise venue travailler en France de se fondre totalement dans la population bien que la pilosité de ses femmes ait fait l’objet de plaisanteries douteuses dans les années quatre-vingts.

Du point de vue économique, les choses se sont arrangées depuis la dernière révolution même si la récente crise y a fait des ravages. Le tourisme, l’industrie du bouchon et la viticulture participent à la richesse du pays. Ces trois activités sont complémentaires, vu que la présence en quantité de chênes-lièges a donné à l’industrieux Portugais l’idée d’en tirer des bouchons, qu’une fois qu’il s’est trouvé avec des tonnes de bouchons, il s’est dit qu’il faudrait bien boucher quelque chose avec et s’est mis à cultiver la vigne, notamment autour de Porto et qu'enfin la présence de ce vin liquoreux a donné à ces boit-sans-soif d’Anglais l’idée de venir s’y soûler honteusement. Les touristes Espagnols devancent en nombre nos amis d’Outre-manche, venant probablement y admirer les belles embouchures dont leur pays est privé.  Sinon, on y fabrique de l’huile d’olive, des automobiles et tout plein de trucs.

Contrairement à bien d’autres pays, le Portugal mériterait un court séjour s’il était plus près de chez nous.

*A ce propos, je me demande pourquoi nous sommes allés si loin chercher notre anticyclone. Si on en avait installé un en Bretagne on ne serait pas obligé de l’emprunter aux portugais qui ne nous le prêtent qu’à regret et nos étés seraient moins pourris.

dimanche 3 août 2014

La vache, animal mystérieux



La vache est une énigme sur quatre pattes. Quoi d’apparemment plus paisible et bonasse que ce bovin ? Que seraient les campagnes normandes sans leur pluie, leurs pommiers et leurs vaches qui broutent, bousent et pissent dessous ?  Or, cet animal,  qui participe si activement à l’établissement d’un climat serein et bucolique, qui est supposé prendre plaisir à contempler le passage des trains quand les cheminots ne sont pas en grève,  doit avoir un côté bien sombre vu que son nom est utilisé dans de nombreuses expressions qui n’ont rien de flatteur quand elles ne sont pas carrément insultantes.

On m’objectera que le cochon (ou porc) connait le même sort vu qu’on le considère comme un glouton, un lubrique et qu’on lui attribue un goût très marqué pour la crasse. Le mouton s’en tire un peu mieux quand on ne lui reproche que son comportement grégaire. Le bouc, en revanche se voit, en dehors de son odeur, accuser d’être une créature du diable. Oies et poule sont, elles, réputées stupides (et elles le sont, les bougresses !) Mais ces animaux ne sont pas par ailleurs érigés en symboles de paix campagnarde souvent présentes sur des cartes postales où les autres animaux de la ferme sont rares ou absents.

Bien que très commun, ce ruminant est invoqué quand on assiste à un spectacle inouï « Ah la vache ! Quel beau cul sourire ! » s’écrie l’esthète surpris par tant de joliesse.  La « peau de vache », n’est pas qu’un cuir, elle désigne aussi une personne particulièrement mauvaise. « Mort aux vaches ! » proclame l’anarchiste. Dans le cas fort improbable où quelque aliéné traiterait  notre charmante garde des sceaux de « vieille vache », on ne le poursuivrait pas pour racisme mais pour irrespect et point ne serait besoin qu’on en saisisse le tribunal de Cayenne. Quant à « l’amour vache », ne désigne-t-il pas une relation où l’on échange plus de coups que de caresses ?   

Comment concilier l’image d’un paisible ruminant et ces expressions disgracieuses ? Son  côté débonnaire serait-il affecté ? Cacherait-il une nature foncièrement mauvaise ?  J’avoue ne pas savoir qu’en dire. Cependant, la présence d’une ferme dans mon immédiat voisinage me permet d’observer une spécialiste de la bête et le comportement qu’elle lui inspire. Arlette doit avoir une bonne cinquantaine d’années de fréquentation assidue du bovin en question. On peut donc lui en supposer une profonde connaissance. Je la vois passer chaque matin et chaque soir, grimpée sur son vélo tandis qu’elle convoie son troupeau vers un pré ou qu’elle l’en ramène. Eh bien force est de constater que le comportement de ses laitières met cette brave femme dans un état de rage folle. Avec pour conséquence un nombre de « nom de Dieu !», de « saloperie ! » de « merde ! » et de jurons divers au kilomètre à faire pâlir d’envie le plus rude des charretiers.  Ces gracieusetés s’accompagnent de force coups de bâton sur l’échine des indisciplinées.  Je n’ai jamais entendu cette habituellement gente, quoiqu’un peu rustre, dame traiter de la sorte son brave homme de mari ou ses enfants. Il doit donc exister  de solides raisons à son ire.

Ma notion de ce que pourrait être un comportement acceptable de la part de ses vaches étant très floue, je ne peux décider de la manière dont elles s’en éloignent. Il m’est arrivé de penser que le fait que certaines se mettent à bouffer ma haie au passage infligeant à celle-ci de graves dommages serait une des raisons de sa colère. Mais il n’en est rien : elle n’intervient que quand la ou les vandales saccagent mes arbustes en ma présence. Quand elle ne m’a pas vu, elles peuvent brouter tout leur saoul à condition de ne pas trop retarder l’avancée du troupeau.

La vache (je parle ici de l’animal et non d’Arlette) reste donc pour moi une énigme.

vendredi 1 août 2014

Et si on parlait un peu d’apocalypse ?




Le spectacle du monde est désolant. Notre civilisation, du moins ce qu’il en reste, s’effondre tandis qu’un peu partout dans le monde on s’égorge, s’étripe, se missilise, se kalachnikofe  avec ardeur. Tout ça va très mal finir. La troisième guerre mondiale est pour demain (en admettant, comme font certains aveugles, qu’elle n’ait déjà commencé). Et celle-là, elle sera gratinée ! A côté d’elle, les deux précédentes prendront des allures de première répétition théâtrale du patronage de Vazy-en-Berrouette comparée à la première d’une superproduction du Chatelet. L’humanité et le reste rayés de la carte. Un spectacle à vous faire passer La Route de Cormac Mc Carthy pour une  guimauve Disneyenne. Avec en prime plus aucun spectateur pour le déplorer.

C’est du moins l’impression qu’on retire à lire les nombreux apocalypsistes qui répandent leurs lamentos sur la toile et ailleurs. Ça me remémore une conversation que j’eus avec M. S., un bon professeur qui me tint lieu de maître à penser du temps où je croyais qu’il en existait. En substance, il m’avait déclaré qu’en regardant le monde qui nous entoure on avait l’impression d’être dans un foutu merdier mais qu’en étudiant l’histoire on s’apercevait que ç’avait toujours été un foutu merdier. Truisme ? Certes. Mais les truismes compensent en vérité ce qui leur manque en originalité.  Il y a bien longtemps que je ne crois plus au « bon vieux temps ».  Pas plus qu’en un avenir radieux. L’ « histoire des hommes » suit son petit bonhomme de chemin avec ses moments de conflits et de massacres dont l’ampleur est limitée par les moyens dont on dispose, ses périodes de répit, de paix même, de prospérité, de misère… Je préfère « histoire des hommes » à « humanité », car cette supposée humanité à laquelle nous aurions conscience d’appartenir me paraît une totale illusion. Si elle existait, si nous voyions les autres comme d’autres nous-mêmes et réciproquement, il n’y aurait pas plus de conflits aujourd’hui qu’il n’y en aurait eu avant. Il y a des groupes d’hommes qu’ils soient nationaux, sociaux, tribaux ou partisans qui considèrent ceux qui ne sont pas de leur côté au mieux comme des adversaires à vaincre, au pire comme des monstres à éradiquer. Ce n’est pas très gai comme vision mais tant que l’histoire ne viendra pas me démentir, je m’y tiendrai.

Revenons-en à cette jolie  apocalypse qu’on nous dit imminente. De deux choses l’une : soit elle sera totale, débarrassant une bonne fois pour toutes la terre comme les mers de notre espèce (et dans la foulée, si possible, de toutes les autres qui les encombrent)  soit elle sera partielle. Dans ce dernier cas : nihil novi sub sole. Tout ce qu’on peut espérer c’est être de ceux qui en réchappent et qui continuent de vivre dans un monde pas trop cul-par-dessus-tête. Dans l’autre hypothèse, s’il ne reste personne pour en souffrir on ne peut pas parler vraiment de malheur.  Du coup, j’ai du mal à m’en inquiéter et tends à considérer ceux que ça affole comme ces enfants qui jouent à se faire peur.  Qui vivra verra, le pire n’est jamais garanti et tout ça. 

Ma quotidienne livraison du truismes me semblant assurée, je vais quand même récolter  des haricots verts et en congeler une partie juste au cas où je serais encore là pour les consommer la saison froide venue.