..Toi qui entres ici, abandonne tout espoir de trouver un contenu sérieux. Ici, on dérise, on batifole, on plaisante, on ricane.

mardi 10 mars 2015

Et c’est reparti !



Certains se demandent pourquoi ils travaillent. La réponse est souvent simple : pour subsister. Quand on a comme moi le bonheur d’être payé à ne rien foutre, la question se complique. Rien ne m’oblige à me donner un mal de chien à retaper ma maison. Depuis une vingtaine d’années, c’est la troisième que je rénove. Avec le temps, mes rénovations sont devenues de plus en plus complètes. Je suis passé de travaux de simple décoration à la plomberie, l’électricité, le carrelage, l’aménagement de cuisine, de salle de bain (ou d’eau), etc. Bref en dehors du gros œuvre, je suis devenu capable de remettre à neuf une masure.

J’en ai tiré une certaine fierté et dans les deux premiers cas un certain profit. Hélas, ces derniers temps, faisant évaluer ma maison, je me suis aperçu qu’en cas de vente je perdrais ce que mon bricolage m’avait jadis rapporté.  De même, quand je vois le prix auquel se vendent certaines maisons tout à fait habitables dans la région, je me dis qu’en rénover une nouvelle serait un moyen sûr de me défaire d’encombrantes économies. 

Ce constat ne m’a pas pour autant découragé. Depuis quelques jours, je me suis lancé dans un projet que l’hiver et, soyons honnête, un certain manque d’énergie m’avait fait repousser : la réfection des joints du garage. Depuis, j’alterne les joies du creusement à la perceuse à percussion avec celle du gâchage de mortier et de la confection des joints. Je ne m’étais jamais adonné à ce genre d’activité et je l’abordais avec une certaine appréhension mais, pour une fois, le résultat me satisfait d’emblée. Encore quelques semaines et, si le temps ne se gâte pas trop, je pourrai contempler le résultat de mes efforts.

J’ai même de nouveaux projets : bétonner le sol du garage et même éventuellement  habiller ses murs et plafond. Tout ça nécessitera l’achat d’une bétonnière et de divers matériaux. Ma propriété ne s’en trouvera pas pour autant valorisée d’un centime. Mais la question n’est pas là : je travaille pour le plaisir différé que relever un nouveau défi procure.

lundi 9 mars 2015

Objet insolite



Je trouve dans ma boîte à lettres Brideshead revisited de M. Waugh et Carry on Jeeves de M. Wodehouse, respectivement sixième et dixième ouvrages de ces auteurs que j’avais commandés d’occasion via M. Amazon. Oserai-je dire, au risque de souligner une fois encore ma profonde futilité, que PG me plaît plus qu’Evelyn ? Soyons fou : osons !  Même s’il est répétitif et raconte toujours la même histoire, je préfère la légèreté bon enfant de Wodehouse au ton doux amer de Waugh. Quoi qu’il en soit, grâce à eux, j’ai appris beaucoup sur les us et coutumes de la vie menée dans les demeures aristocratiques anglaises des années trente du siècle précédent. Savoir qui ne pourrait s’avérer utile qu’à condition qu’on inventât avant mon trépas une machine à remonter le temps offrant un minimum de fiabilité, qu’on me permît d’y accéder, que l’idée curieuse d’inviter chez lui un vieux plouc comme moi traversât l’esprit de quelque Lord et que, vainquant mon instinctive répugnance j’accepte de m’éloigner quelques jours durant du bocage. Conditions dont la réunion est pour le moins improbable.

Mais foin de considérations générales, venons-en au fond du problème. Alors que je feuilletais machinalement Brideshead revisited s’en échappa un rectangle de carton aux bords arrondis. Le recto, jaune en son centre tandis que deux bandes oranges en relevaient le haut et le bas, ainsi que le logo de British Railway du coin inférieur gauche, me fit d’abord penser à un billet de train. Le document avait, allez savoir pourquoi, été plié en huit, et longuement tripoté avec pour conséquence d’en effacer la plupart des inscriptions, avant d’être déplié et de servir de marque-page. Un examen plus approfondi me permit d’apprendre qu’en fait, il s’agissait d’un billet de réservation de siège. Quelqu’un, un jour effacé d’octobre 2008 avait jugé prudent de réserver sa place entre Glasgow et Londres dans la voiture A. Qu’est-ce qui avait bien pu pousser cette personne à faire ce long voyage ? Arrivé à destination, fût-ce machinalement ou dans un but quelconque qu’elle avait réduit ce rectangle au huitième de sa surface avant de se raviser et de lui trouver une utilisation ? Comment ce bout de carton a-t-il échappé à la vigilance des employés de Worldofbooks ? En eût-il été de même si plutôt que d’un document de transport périmé, le voyageur avait choisi de marquer la progression de sa lecture d’un billet de cinquante Livres Sterling ?

Autant de questions qui resteront à jamais sans réponse.

vendredi 6 mars 2015

Péché d’orgueil



Que diriez-vous d’un pauvre gars (ou d’une pauvre fille) qui se croirait si beau (belle) et si parfait(e) qu’il (elle) penserait que le monde entier ne rêve que de lui ressembler et de l’aimer ? Qu’ils auraient en leur plafond une araignée érotomane particulièrement active, non ?  Eh bien l’occident et ses satellites sont atteints de ce mal. Depuis qu’il a cessé de réellement dominer le monde il s’imagine régner sur lui par la force de sa « pensée démocratique ». 

De cela, il  déduit que la terre entière ne rêve que démocratie, culte des minorités, lâchers de ballons et marches blanches. Seulement, de tout ça, l’immense majorité du reste de la planète s’en bat (métaphoriquement, bien entendu) les génitoires. Il se pourrait même que le problème ne soit pas que l’Africain ne soit pas suffisamment entré dans l’histoire mais plutôt que l’Occidental en soit trop sorti.  

Il faut dire que nombre de dirigeants ou d’aspirants-dirigeants des pays dits émergents font mine d’entrer dans son jeu, comme on flatte les manies d’un vieillard gâteux afin, au mieux,  de bénéficier de sa bienveillance, de ses subsides et de se voir couché sur son testament et au pire d’éviter sa vindicte. Car si le ventre de la vieille bête occidentale est depuis belle lurette infécond, elle n’en conserve pas moins son pouvoir de nuisance, sa puissance et sa fortune restant immenses. On la flatte donc, on dit rêver de lui ressembler, on prétend partager ses lubies.

En fait, les « valeurs » occidentales contemporaines sont propres à une civilisation déclinante, héritière gâtée-pourrie d’ancêtres qui ont établi leur fortune sur des bases bien différentes. La domination européenne sur le monde découla d’une avance technologique doublée d’une foi totale en la supériorité de sa civilisation sur celles qu’elle asservissait. D’un point de vue « moderne », ce n’est peut-être pas joli-joli mais il en alla ainsi.

Ce qui est frappant, quand on prend le recul nécessaire, c’est que les choses n’ont pas beaucoup changé. L’Occident continue de croire détenir un modèle de civilisation universel et ne rechigne pas totalement à tenter de l’imposer par les armes (avec le peu de succès que l’on constate). La grosse différence c’est que, dans son modèle, le relativisme y  a remplacé la suprématie, le malthusianisme l’expansion démographique, le matérialisme la foi, la repentance l’esprit de conquête, etc. Partant, loin d’inspirer une sainte frayeur, il n’engendre plus chez ceux qu’il voudrait dominer qu’un profond mépris. 

Plutôt que de se borner à attendre la mort certaine mais paisible que lui assureraient ses valeurs mortifères et de se renfermer sur lui-même tant ses « valeurs » n’ont cours que pour lui, l’Occident se veut ouvert à tous vents, certain que ceux qu’il accueille ne sauraient qu’adopter ses mœurs.

Peut-être préfère-t-il le suicide à la mort naturelle ?

jeudi 5 mars 2015

Explications de votes

Je me vois contraint de l’admettre : à force de ne prêter qu’une oreille distraite aux propos de notre inestimable président, je finis par passer à côté d’enseignements fondamentaux. Toutefois, il est des formules qu’à moins d’être plus sourd qu’un pot on ne peut que retenir. Ainsi, notre cher M. Hollande a-t-il déclaré lors d’un échange particulièrement  fructueux avec des lecteurs du Parisien : « C'est un échec collectif quand un parti d'extrême droite est le premier parti de France » avant d’ajouter : « cela ne veut pas dire que ceux qui votent pour le FN soient convaincus par ses thèses ».

Comme souvent, Notre vénéré président soulève une question fondamentale. Qu’est-ce qui fait qu’on vote pour tel ou tel parti ? Une des raisons peut être qu’on a trop bu et/ou qu’on a oublié ses lunettes. Après avoir à tâtons saisi les différents bulletins, on se retrouve dans l’isoloir et faute de bien les distinguer on en glisse un au hasard dans la petite enveloppe bleue. La dyslexie explique, elle aussi bien des votes. Quand on en est affecté, l'apparente paronomase entre Sarkozy et Hollande justifie certaines confusions. Parmi les motivations des votants peuvent entrer le désir cruel de faire de la peine à ceux pour qui on ne vote pas ou à ceux qui ne votent pas comme nous, la démence sénile, un besoin de se démarquer du troupeau en choisissant celui qu’on donne perdant, la distraction qui fait qu’au lieu d’un bulletin blanc on glisse dans l’enveloppe celui, à l’envers, d’un candidat abhorré. Toutefois, comme il est probable que la proportion d’ivrognes, de myopes, de dyslexiques, de cruels, de déments, d’originaux ou de distraits est égale dans chacun des camps, en cas de duel les conséquences de ces votes ne sont pas déterminantes.

Quittons le domaine des erreurs et des sentiments pour celui des motivations sérieuses. Le physique du candidat peut être déterminant. Quoique, vue l’offre… On peut aussi choisir son poulain en fonction de l’inintelligibilité de son discours. Pour beaucoup d’intellectuels autoproclamés obscurité et bafouillage sont les deux mamelles de la compétence. On peut encore être séduit par des promesses de lendemains qui chantent, même si l’amnésie n’est pas un mal très répandu. On peut enfin voter pour une personne ou un parti parce qu’on est « convaincu par ses thèses », comme disait l’autre. Pour cela, il faudrait non seulement les connaître mais aussi que ces dernières soient plus ou moins constantes.

On ne peut donc qu’approuver M. Hollande : ceux qui votent pour le FN ne sont pas nécessairement convaincus par ses thèses. Pas plus que ne le sont ceux qui votent PS, PC, NPA, UMP, UDI, MoDem, etc. S’il n’a pas inventé le fil à couper le beurre on peut donc lui faire confiance lorsqu’il énonce la recette de l’eau tiède. Ce qui est étonnant dans ces conditions, c’est que ladite non-adhésion devienne à ses  yeux un « échec collectif ». En seraient donc à blâmer l’ensemble de la classe politique française traditionnelle et ses relais médiatiques, coupables qu’ils seraient d’avoir failli à attirer vers eux les non convaincus.

Il doit bien y avoir une raison à cela, non ?  Je vous laisse y réfléchir.

En attendant, pour qu’ils ne soient  pas venus ici pour rien, j’offre aux anglicistes une petite récréation qui prouve que quand on est brillant on l’est en toute langue : 




mercredi 4 mars 2015

Question de rythme…





Les plus attentifs de mes lecteurs auront remarqué une baisse de fréquence dans la publication de ces billets qui, comme l’auraient probablement affirmé Mathusalem et bien d’autres personnages éminents si Dieu ne les avait arrachés prématurément à notre affection, réjouissent le cœur et l’âme de l’homme et de la femme de goût. Il faut dire que mon esprit (car j’en ai un et de toute beauté) s’est trouvé accaparé par de bien triviaux soucis. 

D’espoir inconsidéré en amère désillusion j’ai parcouru des centaines d’annonces immobilières et de kilomètres sur d’improbables chemins vicinaux à la recherche de la demeure apte à guérir ce sentiment d’insatisfaction profonde qui envahissait mon âme. Ce fut l’occasion de faire la rencontre d’agents immobiliers qui, me menant d’immondes masures qu’un rien transformerait en paradis naturels ou venant évaluer mon actuelle demeure, me permirent de jeter les bases d’une jolie collection de cartes de visite vivement colorées et accessoirement d’atteindre une conclusion. Laquelle est double : d’une part que mon insatisfaction actuelle est plus qu’autre chose l’effet d’une « dépression saisonnière » et que d’autre part le principal intérêt d’un éventuel changement de cieux serait de procurer auxdits agents et au fisc l’occasion de dépouiller votre serviteur et son éventuel acheteur d’un total de vingt et quelques milliers d’Euros avant qu'ils ne se retrouvent posséder des biens perdant de ce fait une bonne partie de leur valeur affichée. Aider l’état et une corporation méritante à surmonter leurs difficultés passagères est certes de nature à réjouir tout bon citoyen mais vu le coût de la manœuvre, on finit par se poser des questions quant au niveau réel de sa citoyenneté.

Ainsi renonçai-je à mes rêves immobiliers. Il n’empêche que ces errances ont gravement affecté le rythme de publication de mes billets et que le rétablir ne me paraît pas aller de soi. Surtout que l’époque ne semble pas bien riche en événements. L’inexorable montée du FN, l’inéluctable affadissement du célèbre « esprit du 11 janvier », l’allocution aussi quotidienne que définitive de M. Hollande sont certes des sujets passionnants mais ils ne m’inspirent que moyennement. Le réchauffement global, les aventures du petit Bachar, la meilleure façon de trier islamistes et musulmans à l’aide d’une boussole, savoir dans quel ordre il serait préférable d’écorcher et de rouer vif M. Poutine afin de le ramener à de meilleurs sentiments, déterminer avec précision la date à partir de laquelle il sera loisible de traverser le Sahara à la rame sont des questions qu’aucune grande conscience ne saurait ignorer mais en suis-je vraiment une (de conscience) ?

Restent la géographie, le comportement lamentable des animaux qui encombrent de leur importune présence notre planète, mes joies, mes peines, la pluie et le mauvais temps, les variations du prix des flageolets en boîte, l’intérêt comparé du dernier roman de Glutzenbaum et de la pêche aux moules… Bref, les thèmes majeurs ne manquent pas. Sera-ce suffisant ? Nous verrons bien…

Là-dessus, je m’en vais scier du bois.